Se passer des GAFA pour mieux maîtriser sa cybersécurité ?

Les quatre entreprises les plus puissantes du monde de l’Internet, désignées par l’acronyme GAFA (pour Google, Apple, Facebook, Amazon – ou GFAM si on rajoute Microsoft), occupent une place centrale dans le quotidien des particuliers et des professionnels.

Cette hégémonie n’est pas sans poser de nombreux problèmes, notamment en matière de cybersécurité.

Cybercriminalité : Des colosses aux pieds d’argile ?

Le 19 mars dernier, Facebook s’est retrouvé au coeur d’un immense scandale mondial. Le réseau social a en effet admis qu’un tiers (le cabinet d’analyses Cambridge Analytica) avait pu collecter, à leur insu, les données privées de 50 millions de ses utilisateurs dans le monde entier. Cambridge Analytica, qui travaillait pour la campagne électorale de Donald Trump en 2016, avait récupéré ces informations en 2014 pour élaborer un logiciel capable de prévoir et d’influencer les choix des électeurs. Antonio Tajani, le président du Parlement Européen, a déclaré à ce sujet le 19 mars dernier qu’il s’agissait “d’une violation inacceptable du droit à la vie privée de nos citoyens”.(source)

Facebook n’est pas la seule firme à être confrontée à ces problèmes. Apple, qui a longtemps fait figure de bon élève, est désormais pointé du doigt. En 2017, le nombre de malwares identifiés sur Mac a augmenté de 270 % par rapport à 2016. Au-delà du comportement des utilisateurs, les outils de sécurité inclus dans MacOS “ne répondent pas à la menace des adwares et des PUP” (source).

En bref : même s’ils disposent de moyens colossaux, les GAFA ne peuvent pas garantir une totale protection des données.

Le piratage est loin d’être le seul risque avec les GAFA

Les GAFA calment les tempêtes concernant le piratage des données en investissant massivement dans la sécurité et dans l’amélioration de leurs algorithmes. Mais cela ne signifie pas pour autant que vos données personnelles sont protégées !

Une utilisation mercantile du Big Data

Les données personnelles, appelées aussi Big Data, sont souvent qualifiées “d’or noir du 21ème siècle”. Et pour cause ! Elles rapportent énormément d’argent. Les annonceurs les achètent pour diffuser par exemple de la publicité auprès de leur coeur de cible. Martin Sorrell, PDG de WPP (leader mondial de la publicité), rappelle notamment que “Facebook et Google représentent 75 % du marché de la publicité numérique, soit environ 20 % du marché mondial.” (source)

L’absence totale de confidentialité des données

Derrière la notion de “services” mis en avant par les GAFA se cache en réalité la fin de la confidentialité des données. Beaucoup de gens l’ignorent mais ces géants peuvent accéder librement à tout le contenu se trouvant sur leurs plateformes.

Combien de personnes ont conscience par exemple que Google lit, via un logiciel, tous les emails qui se trouvent dans son service de messagerie ? Il se sert des données personnelles récoltées pour personnaliser les publicités affichées mais aussi pour assurer la promotion de ses propres services. Par exemple, si vous achetez un billet de train, les horaires de celui-ci peuvent être ajoutés automatiquement dans le service “Agenda” de Google.

Une dépendance de plus en plus forte

Les GAFA luttent férocement pour rester les seuls maîtres à bord. Pour éliminer toute concurrence, ces entreprises utilisent notamment leur puissance financière pour racheter toutes les start-ups susceptibles de leur faire de l’ombre.

Ils multiplient aussi les services pour s’assurer de devenir indispensables. Très pratiques et simples à utiliser au quotidien, ils font de plus en plus d’adeptes. A tel point qu’il devient ensuite quasiment impossible de s’en passer ! L’ingénieur américain Robert Metcalfe a théorisé ce phénomène en expliquant que la valeur d’un réseau réside dans le nombre de personnes qui s’en servent.

Du virtuel…à la vie réelle

Alors que les GAFA ne parviennent pas à régler les multiples problèmes qui se posent sur leurs plateformes (tels que les trolls, les fake news, le cyber-harcèlement…), ils s’aventurent désormais en dehors du monde virtuel.

Amazon s’intéresse au marché des médicaments, Google à la voiture connectée et aux objets truffés d’intelligence artificielle (l’idée est d’aboutir à une maison totalement connectée), Apple veut proposer un suivi de notre santé en temps réel, etc…

Eric Scherer, Directeur de la prospective à France Télévisions, s’interroge : faut-il “laisser les GAFA” devenir “les seuls maîtres de notre avenir” ? (source)

La fin de la liberté totale pour les GAFA ?

Heureusement, il y a de bonnes nouvelles. Les Etats (en Europe, aux Etats-Unis…) affichent de plus en plus leur volonté de réguler les pratiques des GAFA. Plusieurs pistes sont envisagées : réformer leurs statuts, développer une taxation spécifique, leur imposer de nouvelles obligations…

En parallèle, il y a progressivement une prise de conscience des utilisateurs. Sans vouloir revenir dans le passé ni renoncer à la libéralisation de l’information, les particuliers et les professionnels sont de plus en plus nombreux à vouloir retrouver une certaine maîtrise quant à l’utilisation de leurs données personnelles.

L’avis de Laurent Brault, fondateur de MDK Solutions

Les GAFA sécurisent de plus en plus leurs services. Mais contre quoi, contre qui ? En réalité, ils se défendent uniquement contre les “méchants” qui voudraient récupérer des données dans leur stock sans passer par la case “tiroir caisse” ! Ils protègent leur mine d’or.

Il ne faut pas être dupe : un service “GAFA”, même sécurisé, ne va pas empêcher (au contraire !) l’utilisation et la vente de vos données personnelles. Si se passer complètement de leurs services devient un tour de force, il indispensable de réduire au moins cette utilisation.

Par exemple, au lieu d’utiliser systématiquement Google comme moteur de recherche, privilégiez un moteur “sain” comme Qwant. Vous pouvez également chiffrer vos données sur votre ordinateur et surtout pour les sauvegardes faites chez les GAFA. En cherchant un peu et en faisant de petites concessions, vous trouverez facilement des services équivalents sans mettre vos données personnelles à disposition. Avec un tout petit effort supplémentaire, vous trouverez des sociétés françaises qui proposent des services sains.

 

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